Le Marmoréen (Léna 11)

Ce texte a été écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture d’Olivia, des mots une histoire récolte 40.

Les mots imposés étaient :berlingot- repos-engorger-rivière-virus-bohème-marmoréen-aspérité-vernal

le Marmoréen était un traqueur né. Albinos, il devait son surnom à l’anomalie génétique qui le frappait. Il avait appris très tôt à dissimuler la pâleur de sa peau et sa blanche chevelure sous une ample chape dont la capuche ne laissait rien deviner de ses traits. Depuis qu’il s’était mis en chasse, il ne s’était accordé que très peu de repos. Il avait franchi rivières et montagnes avec toute la célérité dont il était capable.

La piste l’avait mené à cette ville et voilà que le virus qui y sévissait, entravait sa route. Les soldats postés alentours ne laissaient personne entrer ni sortir. Précaution bien inutile… Le Marmoréen sentait par toutes les fibres de son être que la maladie n’avait rien de viral : une puissante magie était à l’œuvre. En attendant, ces idiots avaient réussi à engorger toutes les voies d’accès.

Toute une faune bohème s’était installée là, montant un camp de fortune autour de la cité. Des roulottes, des charrettes et de vieilles calèches qui tenaient plus du berlingot que de la voiture de luxe s’entassaient là. Le traqueur désappointé n’y trouva pas trace de ceux qu’il cherchait. En l’absence de pistes évidentes, il dut recourir à un procédé qu’il n’affectionnait pas. Il suivit un soldat qui allait à l’écart pour se soulager et lui posa la lame de sa dague contre la gorge pour le persuader de répondre à ses questions.

L’homme jura qu’il n’avait vu aucune roulotte quitter la ville… à l’exception d’une seule que des centaines de personnes avaient vue s’évaporer : on racontait depuis, que c’était la mort qui avait pris ses quartiers dans la cité. Pour la peine, le Marmoréen rejeta sa capuche en arrière et obligea le soldat à se retourner pour pouvoir le regarder dans les yeux. Il se targuait, à juste titre, de savoir déceler le mensonge chez ses interlocuteurs en sondant leurs prunelles.

En découvrant son visage blême, sans aspérité ni expression, ses yeux clairs et froids, le soldat frissonna :

-Vous êtes le chasseur hivernal, n’est-ce pas ?

Vernal, hivernal… quelle importance ? ricana le traqueur. Je préfère qu’on m’appelle le Marmoréen si ça ne te dérange pas. Dis-moi, mon gars, cette roulotte, où l’as-tu vue pour la dernière fois ?

11 commentaires sur “Le Marmoréen (Léna 11)

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  1. j’adore
    Ce Marmoréen sous sa soutane à grande capuche va rôder longtemps dans mes pensées
    je crois l’avoir vu traverser le Grand Désert blanc de Chartreuse
    La tradition veut que maître Bruno et six compagnons guidés par l’évêque Hugues de Grenoble, s’installent le 24 juin 1084 dans le vallon de Chartreuse, lieu qu’on appellera dès lors « le désert de chartreuse » en raison de son isolement. Courte vallée, bloquée au nord par le col de la Ruchère, et au sud par la vallée du Guiers mort, elle est dominée de 1 000 mètres par le Grand Som. Parmi ces six compagnons , je suis certaine d’avoir vu le Marmoréen, je crois qu’il arrivait de Toscane…

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